Si vous êtes passé à côté de la guerre commerciale initiée par Donald Trump à l’encontre de la Chine, il est temps de se pencher sur le sujet ; Et nous vous proposons un résumé en quelques questions.
Alors que le monde de la tech (mais pas que) suivait de près cette querelle électronique, l’escalade de ce conflit a mis en lumière une réalité économique majeure : la dépendance profonde d’Apple envers la Chine.
S’il a pris une telle ampleur, c’est que de ces fondations sont au départ complexe, mêlant production de masse, marché de consommation colossal et implications géopolitiques profondes. En effet, si Apple est devenue un géant mondial, c’est en grande partie grâce à la capacité de la Chine à assembler ses produits à une échelle inégalée. Cependant, cette interdépendance soulève également des questions fondamentales sur la résilience de la chaîne d’approvisionnement d’Apple et sa stratégie future. Au point que le président américain avait un temps exempté les appareils électroniques comme les ordinateurs et les smartphones des droits de douane jusqu’à ce qu’une autre solution soit trouvée., reconnaissant l’impact direct sur l’entreprise Apple et, par extension, sur les consommateurs.
Le gouvernement américain réfléchit donc désormais à imposer de nouveaux tarifs douaniers, qui toucheront directement le géant électronique. L’objectif de Donald Trump est clair : pousser l’entreprise à produire ses appareils directement depuis les États-Unis. Une ambition quasiment irréalisable selon les experts, non seulement car cela ferait grimper en flèche le prix de l’iPhone, mais également en raison des liens étroits tissés entre Apple et la Chine.
– Justement, pour mieux saisir l’ampleur de cette dépendance, pourquoi la Chine est-elle devenue le centre de la production d’Apple ?
Le choix d’Apple de produire en Chine remonte au début des années 2000, une période coïncidant avec la modernisation économique rapide du pays et son émergence en tant que puissance manufacturière mondiale. Cette décision stratégique a été poussée par plusieurs facteurs. Premièrement, la main-d’œuvre chinoise à bas coût a offert un avantage économique considérable. Deuxièmement, les incitations gouvernementales chinoises, telles que les allégements fiscaux et les subventions, ont rendu le pays particulièrement attractif pour l’investissement industriel. Cependant, le facteur le plus fondamental a été l’infrastructure de chaîne d’approvisionnement inégalée du pays. Steve Jobs à l’époque, a reconnu que seule la Chine pouvait offrir l’échelle et la rapidité nécessaires à l’assemblage de millions d’appareils, grâce à son réseau de fournisseurs et de fabricants. Les partenariats avec des entreprises comme Foxconn dès les débuts, notamment pour l’assemblage de l’iPod en 2005 et le lancement de l’iPhone en 2007, ont consolidé cette relation. Cette présence profondément enracinée a permis à Apple de rationaliser la logistique, de réduire les coûts et d’augmenter rapidement la production pour répondre à la demande mondiale, créant ainsi un écosystème de production sans équivalent ailleurs.
– Au-delà de l’assemblage, quel rôle joue le marché chinois pour Apple ?
Si la production est un argument majeur, il est important de souligner que la Chine est également un marché de consommation gigantesque pour Apple. Bien qu’il soit difficile de trouver des chiffres précis sur la part des revenus d’Apple générée en Chine, il est de notoriété publique que le pays est l’un des principaux marchés de la marque. La demande pour des produits comme l’iPhone, l’iPad et les MacBook y est colossale. Cette double dépendance de la Chine comme centre de fabrication et comme marché de consommation majeur rend la relation d’autant plus complexe et difficile à défaire pour Apple.
– À quoi ressemble l’écosystème de production d’Apple en Chine ?
Présentement, l’écosystème de production d’Apple en Chine se compose d’un vaste réseau hautement intégré impliquant des centaines de fournisseurs et des dizaines d’usines de fabrication à haute densité. Au cœur de celui-ci se trouve Foxconn, le plus grand, le plus important, et le plus ancien partenaire de fabrication d’Apple. Le géant taïwanais exploite plusieurs usines en Chine, mais son site phare est l’énorme complexe de Zhengzhou, appelé « iPhone City ». Un nom qui reflète d’autant plus cette dépendance. Ce parc industriel emploie jusqu’à 350 000 personnes et peut produire un demi-million d’iPhone par jour en période de pointe. Le site fonctionne comme une ville, avec des dortoirs, des magasins et des services pour les travailleurs et leurs familles. Cette stratégie permet à Apple d’augmenter rapidement sa production en cas de besoin, de maintenir le contrôle de la qualité et de gérer efficacement sa chaîne d’approvisionnement mondiale.
– Quelles sont les vulnérabilités de cette dépendance ?
Comme l’a souligné l’administration Trump, la concentration de la production d’Apple en Chine expose l’entreprise à des risques majeurs. En effet, l’escalade de la guerre commerciale et la menace de droits de douane supplémentaires sur les semi-conducteurs et autres composants affectent directement la marque. Le président américain a même dû exempter temporairement les appareils électroniques de ces tarifs pour éviter un impact trop lourd. Au-delà des tensions commerciales, si on revient en arrière, la pandémie de COVID-19 a également pointé la fragilité de cette chaîne d’approvisionnement unique. Les confinements et les perturbations logistiques en Chine ont entraîné des retards de production et des pénuries d’iPhone, montrant qu’une dépendance à un seul pays peut fragiliser l’approvisionnement mondial d’Apple. Enfin, les risques géopolitiques liés aux relations chinoises-américaines représentent une menace constante pour la stabilité de cette chaîne d’approvisionnement.
– Qu’est-ce qui est fabriqué en Chine, exactement ?
En 2023, plus de 95 % des produits Apple, dont les iPhones, les iPads, les MacBooks, les AirPods et les Apple Watch, étaient fabriqués et assemblés en Chine. Cela comprend non seulement l’assemblage final, mais aussi la production de nombreux composants indispensables comme les écrans, les batteries et les appareils photo. Les principaux partenaires de fabrication outre Foxconn, comme Pegatron, Wistron et Luxshare Precision, exploitent d’énormes usines dans des métropoles chinoises afin de produire pour Apple.
– Apple cherche-t-il réellement à réduire sa dépendance envers la Chine, et si oui, comment ?
Depuis le début des années 2010, Apple cherche activement à diversifier son empreinte manufacturière au-delà de la Chine, notamment en Inde et au Vietnam. Ce mouvement s’est accéléré aux alentours de 2019, sous l’effet des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, mais également de la hausse des salaires dans le pays. En finalité, c’est la pandémie qui a renforcé la prise de conscience de l’entreprise sur la nécessité de ne pas dépendre d’un seul pays. Le Vietnam est ainsi devenu un centre de fabrication clé, en particulier pour les AirPods, les MacBooks et les produits de plus petit volume.
Malgré ces efforts, la Chine reste cruciale en raison de ses vastes infrastructures existantes, de l’intégration de sa chaîne d’approvisionnement et de ses usines à grande échelle. Bien qu’Apple s’emploie activement à transférer une partie de sa production hors du pays afin de réduire les risques géopolitiques, le processus reste quand même très lent et assez complexe pour le géant américain.
– La question que tout le monde se pose : Apple peut-il produire aux États-Unis ?
En prenant tout cela en considération, la production de produits Apple, en particulier des iPhones, aux États-Unis est hautement improbable. D’autant plus que le pays manque d’infrastructures et de main-d’œuvre spécialisée, nécessaires à la fabrication à grande échelle de produits électroniques.
Selon Tim Cook, PDG d’Apple depuis 2011, « la Chine détient aussi de très nombreux travailleurs ultra compétents que l’on ne trouve pas ailleurs, et que l’assemblage des produits Apple nécessite l’utilisation d’équipements avancés. Imposer une production américaine ferait également grimper en flèche le prix de l’iPhone, le rendant moins compétitif. »
La diversification de sa chaîne d’approvisionnement vers l’Inde et le Vietnam aide Apple pour le moment à atténuer légèrement l’impact des taxes douanières. Cependant, la profonde intégration et l’échelle de la chaîne d’approvisionnement chinoise signifient que la dépendance d’Apple envers la Chine va durer encore longtemps.